« La lecture nous donne un endroit où aller lorsque nous devons rester où nous sommes » – Mason Cooley

mardi 11 juin 2019

Le Dieu Oiseau d'Aurélie Wellenstein

Titre : Le Dieu Oiseau
Auteur : Aurélie Wellenstein
Genre : Dark Fantasy
Public visé : Jeunes adultes
Année de parution : 2018
Nombre de pages : 336 pages
Édition : Scrinéo



Trois fleurs : Une lecture en demi-teinte

Ma note 3 sur 5



Quatrième de Couverture



Une île. Dix clans. Tous les dix ans, une compétition détermine quel clan va dominer l'île pour la décennie à venir. Les perdants subiront la tradition du " banquet " : une journée d'orgie où les vainqueurs peuvent réduire en esclavage, tuer, violer, et même dévorer leurs adversaires. Il y a dix ans, Faolan, fils du chef de clan déchu, a assisté au massacre de sa famille. Sauvé par le fils du chef victorieux, Torok, il est depuis lors son esclave et doit subir ses fantaisies perverses. Enfin, la nouvelle compétition est sur le point de commencer. L'occasion pour Faolan de prendre sa revanche. Sa vengeance aura-t-elle le goût du sang ?


Ce que j'en ai pensé | Critique sans spoilers



Après l'excellent Mers Mortes, je n'avais qu'une seule envie : lire le précédent roman de l'autrice, que je n'avais pas encore eu l'occasion de feuilleter. Contrairement aux autres romans d'Aurélie Wellenstein, j'avais assez peu d'attentes sur Le Dieu Oiseau, car je n'avais pas vraiment pris le temps de me renseigner sur l'histoire (ne me demandez pas pourquoi, je le fais systématiquement pour ses romans d'habitude et je ne sais pas pourquoi j'ai fait l'impasse sur celui-là) Je savais uniquement que Le Dieu Oiseau était présenté comme son roman le plus violent et le plus sombre. Je partais donc avec une relative neutralité pour cette lecture.

Malgré tout, j'ai globalement été déçue. Si vous suivez mes chroniques, vous savez que c'est une première ! C'est d'ailleurs pour cette raison que je n'ai pas rédigé mon avis tout de suite, préférant lire un autre roman pour me laisser le temps de digérer.

J'adore tous les romans d'Aurélie Wellenstein, même ceux qui ne correspondent pas à mon genre de prédilection, comme ses romans jeunesse que j'ai pourtant adorés. On retrouve dans Le Dieu Oiseau les ingrédients qui font le succès de ses romans, à savoir un univers glaçant et original, des personnages tourmentés et surtout une plume ciselée, addictive, qui sert un rythme et une narration implacables.

Pour autant, ces ingrédients n'ont pas suffi à me convaincre cette fois-ci. L'univers est incroyablement sombre, noir et violent, et je confirme qu'il est de loin le plus glauque et le plus répugnant des romans de l'autrice. Je salue encore une fois son imagination prolifique et sa virtuosité créatrice pour mettre en scène de tels univers. Mais, malheureusement, je trouve que l'histoire racontée n'est pas à la hauteur de la dureté de cet univers. Le ton et la narration typiques du Young Adult m'ont beaucoup surprise, et j'ai ressenti un profond et déplaisant décalage entre l'univers, l'histoire et les péripéties du héros, Faolan. Je ne m'attendais pas du tout à ce genre d'intrigue et j'avoue que j'ai été un peu désappointée. L'histoire est vraiment classique dans son genre, à mi chemin entre Hunger Games et Battle Royale, et je n'ai pas été particulièrement séduite. 

Peut-être est-ce lié au genre YA justement, mais j'ai trouvé que Faolan surmontait un peu trop facilement les différents obstacles et épreuves qui se dressaient sur sa route. J'ai plusieurs fois été sortie de ma lecture car je trouvais que c'était un « peu gros », comme on dit. Les prouesses du héros m'ont vraiment paru en décalage avec son état physique (même si je veux bien admettre que l'énergie du désespoir peut faire faire des choses impossibles). L'immersion a été gâchée plus d'une fois.

J'ai beaucoup aimé les questions mystiques et religieuses soulevées par l'autrice, ainsi que leur mise en scène dans tous les différents arcs du roman. Le personnage de Torok est délicieusement abject, j'ai adoré le détester. Faolan me plaisait dans la première partie du roman, mais j'ai fini par ne plus ressentir d'empathie pour lui au fur et à mesure que l'histoire progressait. Je n'ai pas été très réceptive à sa personnalité et j'ai finalement assez peu ressenti d'émotions pour lui. Pour autant, ses traumatismes sont décrits à merveille par Aurélie. Quant aux personnages secondaires, ils sont pratiquement inexistants et se cantonnent globalement à des rôles prédéfinis plutôt qu'à de vrais personnages. Malgré tout, j'ai quand même bien aimé le personnage d'Izel.

La fin m'a surprise à plus d'un titre, et pas nécessairement en bien. Comme toujours avec les romans d'Aurélie, les happy ending n'ont pas leur place ! Toutefois, si la conclusion de l'aventure de Faolan me paraît assez judicieuse et bien trouvée, j'aurais aimé qu'elle soit plus développée. Peu d'éléments en amont nous laisse imaginer ce retournement de situation. La fin m'a vraiment paru précipitée. En outre, un autre élément m'a beaucoup chagrinée mais il va être difficile d'en parler sans spoiler, alors je vous invite à descendre jusqu'au paragraphe Mon avis en résumé si vous n'avez pas encore lu ce roman et si vous souhaitez garder le suspens.


Ce que j'en ai pensé | Attention, spoilers !



Alors que j'avais adoré les éléments mystiques mis en place dans touts le roman, les derniers chapitres viennent complètement les renverser. Sans nous avoir vraiment laissé d'indices pour l'imaginer (ou à peine quelques vagues éléments), l'autrice prend le parti de questionner la réalité des évènements mystiques vécus par Faolan. J'ai trouvé ce choix narratif très décevant. « Tout se passait dans sa tête » est vraiment un cliché qui m'horripile en SFFF (à moins que ce soit amené progressivement, ce qui n'est pas le cas ici) Peut-être ai-je mal interprété les derniers chapitres et peut-être la question de Faolan a-t-il tout inventé ? n'est-elle pas résolue comme je l'ai cru, mais toujours est-il que cette thématique tombe comme un cheveu sur la soupe à la toute fin du roman.


Mon avis en résumé



En conclusion, cette chronique est sans doute sévère, et j'en suis vraiment désolée, mais je crois qu'elle retranscrit bien ma déception. Ayant adoré tous les romans d'Aurélie Wellenstein sans exception, même ceux qui étaient supposés moins me plaire comme Cheveux de Foudre ou La fille de Tchernobyl, je ne m'attendais pas à être si mitigée au sortir de ma lecture. Si le roman possède des qualités indéniables, des qualités qu'on retrouve systématiquement dans les romans de cette autrice, Le Dieu Oiseau possède aussi des faiblesses inhérentes au Young Adult. Ces faiblesses du genre se trouvent exacerbées par le décalage qu'elles produisent avec l'univers fascinant, glauque et violent qui aurait mérité une approche plus adulte et une histoire plus mature. En outre, la fin précipitée et l'usage d'un cliché usé jusqu'à la moelle auront définitivement eu raison de mes doutes : Le Dieu Oiseau est assurément le roman que j'ai le moins aimé chez cette autrice. Vraiment dommage.

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